Comprendre comment les chauves-souris vampire résistent aux infections

Les chercheurs du laboratoire des Interactions Virus-Hôtes de l’Institut Pasteur de la Guyane, en collaboration avec l’unité Hépacivirus et immunité innée de l’Institut Pasteur à Paris, ont récemment publié un travail portant sur la caractérisation de la réponse immunitaire innée chez le vampire commun, Desmodus rotundus, réservoir de la rage en Amérique du Sud. Les chauves-souris sont décrites comme réservoir de nombreux virus tels ceux de la rage, du SRAS, Ebola ou encore Nipah (récemment responsable d’une dizaine de morts en Inde).

Si ces virus sont le plus souvent mortels chez l’homme, ils ne semblent pas provoquer de symptôme chez les chauves-souris qui les hébergent. Une des hypothèses émises afin d’expliquer cette « tolérance » à l’infection est que les chauves-souris possèdent un système immunitaire innée particulier leur permettant de contrôler rapidement l’infection virale. La chauve-souris vampire n’étant pas un organisme modèle il était tout d’abord nécessaire de développer des outils moléculaires et cellulaires afin de pouvoir étudier la mise en place de la réponse immunitaire innée chez D. rotundus suite à une infection virale. A cette fin, les principaux gènes impliqués dans la réponse immunitaire innée tels ceux codant les récepteurs de type Toll et de type RIG-I, les interférons de type I (IFNa1 et IFNb) ainsi que certains gènes stimulés par l'interféron ont été caractérisés par des approches moléculaires. En parallèle, une lignée cellulaire immortalisée a été établie à partir de cellules de poumons de vampire, outil cellulaire indispensable afin d’évaluer l’effet d’une infection ou d’un traitement sur l’expression des gènes. Cette lignée cellulaire a ensuite été soumise à des traitements utilisant de l'ARN double brin synthétique mimant une infection virale puis l'expression des différents gènes précédemment caractérisés a été suivie au cours du temps. L’ensemble des résultats obtenus montrent une réponse antivirale active avec une augmentation rapide de l’expression du gène de l’IFNβ qui fournit une réponse immédiate à l'infection virale ainsi mimée et le rôle majeur de certains gènes stimulés par l'interféron comme le gène OAS1 dont deux homologues ont pu être décrits chez le vampire. Ce travail a permis le développement de nombreux outils et les premiers résultats obtenus serviront de base à de futurs travaux d’infection expérimentale qui sont actuellement en cours à l’Institut Pasteur de la Guyane.

Les résultats de ces études viennent d’être publiés, pour en savoir plus cliquez sur:

Sarkis S, Lise MC, Darcissac E, Dabo S, Falk M, Chaulet L, Neuveut C, Meurs EF, Lavergne A, Lacoste V. Development of molecular and cellular tools to decipher the type I IFN pathway of the common vampire bat. Dev Comp Immunol. 2018. 81:1-7. doi: 10.1016/j.dci.2017.10.023.

et

Sarkis S, Dabo S, Lise MC, Neuveut C, Meurs EF, Lacoste V, Lavergne A. A potential robust antiviral defense state in the common vampire bat: Expression, induction and molecular characterization of the three interferon-stimulated genes -OAS1, ADAR1 and PKR. Dev Comp Immunol. 2018. 85:95-107. doi: 10.1016/j.dci.2018.04.006.