Décrire la carte de risque pour la leishmaniose cutanée chez l’homme dans le biome de la forêt néotropicale

Un défi majeur de l'éco-épidémiologie consiste à déterminer les facteurs favorisant la transmission de maladies infectieuses et à établir des cartes de risque pouvant orienter les actions des autorités de santé publique. Ces dernières années, les modèles de prédiction de niche écologique, outils méthodologiques couramment utilisés en écologie, ont permis de déterminer les variables environnementales et anthropiques pouvant être favorables à la présence des communautés d'espèces hôtes et vecteurs impliquées dans le cycle de transmission de ces agents pathogènes.

Cependant, ces modèles se heurtent à plusieurs limites pour qu'une interprétation de risque puisse en être faite telles qu’une connaissance incomplète des espèces impliquées dans le cycle, des résolutions spatiales et temporelles des variables explicatives inadaptées au modèle d’étude ou une non prise en compte de certains facteurs d'exposition des personnes.

Les chercheurs de l’Institut Pasteur de la Guyane, en collaboration avec le Centre Hospitalier de Guyane, des instituts Lêonidas e Maria Deane et Evandro Chagas du Brésil et de l’université del Rosario en Colombie, viennent de publier un article avec des cartes de risque pour la leishmaniose cutanée chez l’homme à deux échelles différentes : dans le biome de la forêt humide néotropicale (bassin amazonien et écosystèmes forestiers environnants) ainsi qu’en Guyane.

Aux deux échelles spatiales les zones les plus à risque se situent là où l’impact de l’homme sur l’environnement est important. Ces zones ont également été associées à des facteurs climatiques et écologiques contributifs.

L’étude s’est basée sur un cadre écologique conceptuel fort et l’utilisation de cas humains de leishmaniose cutanée ce qui a permis de surmonter certaines des incertitudes concernant la diversité des vecteurs et des hôtes potentiels impliqués dans le cycle de transmission. Cette étude souligne l'importance de prendre en compte les facteurs anthropiques pour l'évaluation du risque de maladie chez l'homme, bien que la leishmaniose cutanée soit principalement liée au cycle sylvatique et périurbain en Méso et en Amérique du Sud.

Il est important de noter que la leishmaniose cutanée est une maladie zoonotique vectorielle avec des cycles de transmission complexes qui incluent de nombreuses espèces de parasites, de vecteurs et hôtes et pose des problèmes de santé publique dans le monde entier malgré les mesures de prévention de santé mises en place. L'établissement de cartes de risque pour cette maladie peut être très difficile en raison des nombreux réseaux d'inférence entre de grands ensembles d'espèces hôtes et de vecteurs, avec une hétérogénéité considérable des profils de survenue de la maladie dans l'espace et dans le temps.

 

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Chavy A, Ferreira Dales Nava A, Luz SLB, Ramírez JD, Herrera G, Vasconcelos Dos Santos T, Ginouves M, Demar M, Prévot G, Guégan JF, de Thoisy B.

Ecological niche modelling for predicting the risk of cutaneous leishmaniasis in the Neotropical moist forest biome. PLoS Negl Trop Dis. 2019 Aug 14;13(8):e0007629.