Du miel pour traquer les virus
L’équipe de l’Unité d’entomologie médicale de l’Institut Pasteur de la Guyane, en étroite collaboration avec le Service de santé des armées et l’Institut Pasteur à Paris, a mis au point un dispositif original permettant de détecter, sur le terrain, la circulation du virus Chikungunya.
Les chercheurs ont en fait exploité l’alimentation sucrée des moustiques, au cours de laquelle les virus qu’ils véhiculent sont excrétés avec la salive.
Ils ont utilisé différents types de pièges conçus initialement pour la surveillance entomologique et modifiés afin qu’ils hébergent une carte imprégnée de miel sur laquelle les moustiques pouvaient se nourrir et déposer des particules virales.
Le matériel génétique viral était ensuite détecté par des méthodes de biologie moléculaire.
Les pièges ont été installés dans différents quartiers de l’île de Cayenne.
Les essais ont été couronnés de succès puisque le virus Chikungunya a été détecté sur des cartes installées dans des pondoirs, épargnant ainsi aux chercheurs un fastidieux travail de traitement de milliers de moustiques nécessaire à la mise en évidence du virus.
Le chikungunya a émergé en Guyane en février 2014 et a circulé pendant plus d’une année sous forme épidémique notamment dans les régions littorales.
Le seul vecteur reconnu de la maladie, localement, est le moustique Aedes aegypti.
Il n’existe aucun vaccin ni traitement spécifique contre le chikungunya aussi la lutte antivectorielle reste t’elle l’un des meilleurs moyens de prévention. La surveillance entomologique, et en particulier la recherche de moustiques infectés par le virus, est un excellent moyen pour estimer le risque de transmission dans les quartiers et partant, orienter les actions de lutte antivectorielle.
Or, les méthodes disponibles actuellement nécessitent la capture d’un nombre très important de moustiques sur le terrain et sont ainsi difficiles à mettre en œuvre.
Ces travaux de recherche ouvrent la voie vers l’utilisation d’une nouvelle méthode de surveillance pour l’appréciation de la circulation virale et qui pourrait s’avérer particulièrement utile pour orienter les actions de lutte efficaces et ciblées contre Aedes aegypti.
Ils se poursuivent actuellement, s’intéressant notamment au virus Zika qui circule en Guyane depuis maintenant plusieurs mois.
Ces travaux, qui ont bénéficié de soutiens financiers de la part de l’ARS de Guyane et de l’Institut Pasteur à Paris, ont été publiés le 8 septembre 2016 dans la revue PLoS Neglected Tropical Diseases.
En savoir plus sur la publication scientifique
Girod R, Guidez A, Carinci R, Issaly J, Gaborit P, Ferrero E, et al. (2016) Detection of Chikungunya virus circulation using sugar-baited traps during a major outbreak in French Guiana, PLoS Negl Trop Dis 10(9): e0004876. doi: 10.1371/journal.pntd.0004876.
Parcourez la publication sur http://journals.plos.org/plosntds/article?id=10.1371/journal.pntd.0004876