L’Institut Pasteur de la Guyane accompagne la mise en place d’un insectarium au Bureau de santé publique du Suriname

L’Institut Pasteur de la Guyane a apporté un soutien logistique et méthodologique auprès du Bureau de santé publique du Suriname (BOG) pour accompagner l’équipe d’entomologie dans la création et la gestion d’un insectarium.

Cette mission d’appui au développement de la recherche a débouché sur l’inauguration de l’insectarium à Paramaribo le 5 octobre 2016, en présence de Patrick Pengel, Ministre de la Santé du Suriname.

Dans ce cadre, Yanouk Epelboin et Isabelle Dusfour ont été accueillis par l’équipe à Paramaribo. Cette mission a été financée par l’Agence française de développement (AFD).

Yanouk est chercheur postdoctoral à l’Unité d’entomologie médicale de l’Institut Pasteur de la Guyane. Il nous raconte cette aventure scientifique et humaine.

Comment a débuté la collaboration avec le Bureau de santé publique du Suriname sur ce projet ?

Yanouk Epelboin : Début 2016, Isabelle Dusfour a été contactée par Helene HIWAT, responsable du laboratoire d’entomologie au Bureau de santé publique du Suriname. Helene a sollicité notre aide pour mettre en activité un insectarium.

L’objectif était de mener sur place des tests de résistance aux insecticides, sur le moustique Aedes aegypti élevé en laboratoire.

Quel a été votre rôle auprès de l’équipe sur place ?

YE : Durant les premiers jours à Paramaribo, j’ai aidé l’équipe à organiser et à optimiser l’espace. Les installations doivent être fonctionnelles et adaptées à l’élevage de moustiques, il faut notamment éviter que des moustiques sortent de la zone insectarium. Nous avons installé les équipements nécessaires : bacs d’élevage, cages pour les moustiques adultes, étagères, etc.

Par la suite, nous avons réalisé un transfert de connaissances : mon objectif était de transmettre aux techniciens les informations indispensables pour qu’ils assurent l’élevage du moustique Aedes aegypti, ainsi que la production et le maintien des souches issues du terrain.

Les techniciens installent le matériel pour l’élevage

Les techniciens installent le matériel pour l’élevage

Nous avons passé en revue les étapes nécessaires pour créer de nouvelles générations de moustiques dans un cadre rigoureux. L’équipe a appris comment tester certains paramètres qui ont un effet sur le temps de développement des larves, comme le type de nourriture par exemple.

Quelles analyses vont être menées sur ces moustiques ?

YE : L’équipe d’entomologie du Bureau de santé publique du Suriname est maintenant capable de réaliser le test de sensibilité aux insecticides validé par l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Il s’agit d’exposer les moustiques à un insecticide durant 1 heure, puis d’analyser le taux de mortalité au bout de 24 heures.

Ce test est valide lorsqu’il est pratiqué sur des moustiques élevés en conditions contrôlées. Cela implique, entre autres critères, d’avoir un nombre suffisant de moustiques femelles et de connaître leur âge.

À terme, l’objectif est de déterminer si les moustiques de terrain sont résistants aux insecticides utilisés en lutte anti vectorielle. In fine, l’équipe pourra mener des opérations de surveillance de cette résistance sur les populations de moustiques issues de différentes régions du Suriname.

Quel bilan tirez-vous de cet accompagnement ?

Mise en place des tests de résistance aux insecticides

Mise en place des tests de résistance aux insecticides

YE : La mission qui m’a été confiée est accomplie. C’est une fierté pour l’équipe sur place, qui est composée de la responsable et de 5 techniciens. Cette action concrète renforce la collaboration entre l’équipe au Suriname et notre équipe en Guyane, qui a démarré dans les années 2000.

C’était une aventure personnelle très enrichissante. J’ai eu la responsabilité de former les membres de l’équipe, dans une langue étrangère et en étant le plus jeune (rires). Cela s’est fait dans un esprit de convivialité qui m’a rendu la tâche facile.

Quelles sont les perspectives qui se dessinent suite à cette mission ?

YE : À moyen terme, nous allons continuer à échanger et nous espérons pouvoir monter des projets communs sur l’entomologie, et plus précisément sur l’étude de la résistance aux insecticides.

Un autre projet est en cours : nous sommes en train de mettre en place des enseignements avec le Carribbean Public Health Agency (CARPHA), qui regroupe plus de 20 pays de la Caraïbe. Les chercheurs de l’Unité d’entomologie médicale de l’Institut Pasteur de la Guyane interviendraient afin de donner des cours sur les résistances aux insecticides.