Paludisme : une mutation contrecarre la résistance à la chloroquine

Le laboratoire de parasitologie de l’Institut Pasteur de la Guyane décrit, pour la première fois dans le monde, une réversion de résistance du Plasmodium falciparum à la chloroquine rendue possible par l’acquisition d’une nouvelle mutation et non par la réémergence de la forme originale du parasite.

La résistance aux antimicrobiens est un phénomène dynamique qui évolue (émerge, se propage ou disparait) en fonction de nombreux paramètres dont la pression médicamenteuse. En Guyane, le traitement par la chloroquine de Plasmodium falciparum (parasite responsable de cas mortels de paludisme) a été abandonné en 1995 alors que 100% des parasites étaient résistants.

Plus de 15 ans après cette levée de la pression médicamenteuse, 75% des parasites sont redevenus sensibles au traitement alors même que ces derniers restent porteurs de la mutation initialement responsable de leur résistance (pfcrt 76T).

Les chercheurs de l’Institut Pasteur de la Guyane se sont attachés à comprendre les raisons de cette discordance. Grâce à l’importante collection parasitaire obtenue au cours de leurs activités de santé publique, ils ont pu mettre en évidence l'acquisition par le parasite d'une nouvelle mutation (pfcrt 350R) dans le même gène, qui abolit complètement l’effet de la mutation de résistance pré-existante. L’émergence et la dispersion de cette nouvelle modification génétique aurait été favorisée par la résistance qu’elle confère vis-à-vis d’un antipaludique actuel, la pipéraquine.

Ces résultats, publiés dans la revue scientifique PNAS, apportent un éclairage nouveau sur les différentes voies possibles de retour à la sensibilité et vont servir pour optimiser l’usage et la conception des antipaludiques.

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