Du buvard pour transporter puis diagnostiquer le chikungunya
Le Laboratoire de Virologie de l’Institut Pasteur de la Guyane a publié en août dans Journal of Clinical Virology* les résultats d’une étude qui valide la collecte d’échantillons sur papier buvard pour le diagnostic du Chikungunya. Cette technique simple et fiable, palliant les contraintes liées à l’envoi d’échantillons biologiques congelés, pourrait être mise en place dans les sites isolés pour le diagnostic et la surveillance des épidémies.
Dans les régions où le moustique vecteur est très répandu, comme les Amériques, l’émergence du virus Chikungunya constitue un problème majeur de santé publique. Le diagnostic des cas suspects est essentiel pour la surveillance et le contrôle des épidémies. Cependant, tel qu’effectué à l’heure actuelle, ce diagnostic impose des contraintes en termes d’équipements et de conservation des échantillons (le sang prélevé doit être congelé pour le transport).
Afin de pallier à ces contraintes, dans le cadre de ses missions de CNR Arbovirus, le laboratoire de Virologie a évalué les performances d’échantillons absorbés sur papier buvard et conservés à température ambiante pour le diagnostic du Chikungunya par rapport à ceux classiquement utilisés, les échantillons congelés. Ces échantillons provenaient de 121 cas suspects de Chikungunya, collectés dans un laboratoire de ville au cours de l’épidémie de 2013 sur l’île de Saint-Martin. Les analyses des échantillons imprégnés sur papier buvard ont montré des résultats comparables à celles effectuées sur les congelés : 94,8% de concordance pour les tests de diagnostic moléculaires et 98,2% pour les tests sérologiques.
Comme déjà validé par le laboratoire pour le diagnostic de la dengue, cette approche d’échantillonnage simple et fiable basée sur le dépôt de sang imprégné sur papier buvard transporté à température ambiante jusqu’à un laboratoire spécialisé, pourrait ainsi permettre de contourner la carence d’outils diagnostiques dans les régions isolées. Du fait du faible coût d’envoi et de ses bonnes performances, elle peut être recommandée pour la surveillance et le contrôle de l’expansion du virus Chikungunya dans les régions isolées.
