La première séquence génétique complète du virus Zika circulant en Amérique

En novembre dernier, sollicité par ses collègues du Surinam, l’équipe du laboratoire de virologie de l’Institut Pasteur de la Guyane, Centre national de référence des arbovirus pour la région Antilles-Guyane, a confirmé les cinq premiers cas autochtones d’infection par le virus Zika au Surinam.

C’est à partir de l’un des cinq échantillons que les chercheurs de l’Institut Pasteur de la Guyane viennent d’établir la séquence génétique complète de cette souche virale.

Publiée aujourd’hui dans la revue The Lancet, l’analyse de ce génome montre qu’il s’agit d’un lignage asiatique qui présente plus de 99% d’homologie avec la souche responsable de l’épidémie en Polynésie française en 2013.

« Jusqu’ici peu de séquences intégrales de ce virus et aucune de la souche circulant actuellement en Amérique du Sud et en Amérique Centrale n’étaient disponibles. L’obtention de la séquence complète du virus est un point de départ important pour mieux comprendre l’évolution de son comportement » indique Dominique Rousset, responsable du laboratoire de virologie et du Centre national de référence des Arbovirus à l’Institut Pasteur de la Guyane.

C’est en mai 2015 que les premiers cas ont été confirmés au Brésil. Le pays subit aujourd’hui la plus importante épidémie jamais décrite, avec 440 000 à 1 300 000 cas suspects rapportés par les autorités de santé brésiliennes. Depuis le virus Zika s’est rapidement propagé, affectant à ce jour 10 pays de la zone tropicale du continent américain ainsi que les Caraïbes. Actuellement 17 cas ont été confirmés en Guyane et 3 cas en Martinique. 

Compte tenu de l’expansion très rapide du virus Zika, l’Institut Pasteur de la Guyane reste fortement mobilisé dans la surveillance épidémiologique, en partenariat avec les autorités de santé et le réseau international des Instituts Pasteur, ainsi que dans l'appui à la lutte antivectorielle.

Décrit pour la première fois en Ouganda en 1947, Zika est un arbovirus de la même famille que le virus de la dengue et se transmet par le même vecteur, le moustique Aedes aegypti. Alors que l’infection était considérée jusqu’à récemment comme bénigne, l’épidémie de virus Zika qui a sévi en 2013-2014 en Polynésie française et dans le Pacifique s’est accompagnée d’une augmentation de complications neurologiques sévères, telles que le syndrome de Guillain-Barré et de malformations neurologiques congénitales. Au Brésil, l’augmentation très significative du nombre de microcéphalies chez des fœtus dont les mères ont été infectées en cours de grossesse a contraint le gouvernement à déclarer l’état d’urgence sanitaire en décembre dernier. « Ces anomalies sont-elles dues uniquement au virus Zika, à la circulation conjointe d’autres agents infectieux ou à d’autres facteurs ? Des projets de recherche multidisciplinaires doivent être mis en place pour tenter de répondre à ces interrogations. D’ores et déjà, nous nous appliquons à mieux connaitre ce virus et comprendre son évolution, ce qui passe notamment par le renforcement des outils de diagnostic» explique Dominique Rousset.