Le laboratoire de virologie de l’Institut Pasteur de la Guyane

Le laboratoire de virologie de l'Institut Pasteur de la Guyane et le Service de Santé des Armées décrivent les premiers cas de l'épidémie de Zika en Guyane.

En décembre 2015, le premier cas d’importation du virus Zika a été biologiquement confirmé par le CNR des arbovirus au sein d’un groupe de 136 militaires de retour de mission du Suriname et exposés au virus durant deux semaines. Le Service de santé des armées et le laboratoire de virologie de l’Institut Pasteur de la Guyane ont rapidement mis en place une investigation épidémiologique prospective visant à prendre en charge les patients infectés et à en assurer le suivi clinique et biologique au cours de la maladie.

Ces investigations ont permis d’identifier 11 patients infectés par le virus Zika dont 3 patients asymptomatiques, soit un taux d’attaque de 8%. La période d’incubation moyenne de la maladie était de 9,5 jours. Le pourcentage de cas asymptomatiques observés (27%) était bien plus faible que les 80% communément admis et rapportés lors de l’épidémie de Zika survenue sur l’île de Yap en 2007. De plus, ces travaux ont permis de confirmer la pertinence du prélèvement d’urine pour le diagnostic du virus Zika avec une détection du génome viral en moyenne jusqu’à 13 jours après le début des symptômes. Les investigations sérologiques ont quant à elles montré la détection précoce des IgM anti-Zika dès le 5ème jour de maladie, avec un faible taux de cross-réactivité observé avec les IgM anti-dengue (1/11 cas).

​La réalisation d’un dépistage actif des cas associée à un isolement des malades sous moustiquaires et à une lutte antivectorielle menée par le service de démoustication du Conseil Territorial de Guyane ont permis d’éviter l’apparition de cas secondaire.

Enfin, l’analyse par approche moléculaire de 10 prélèvements de sperme issus de patients infectés et collectés entre les 128ème et 146ème jours après le début de la maladie a permis de monter que si la persistance du virus Zika était avérée dans le sperme, elle n’excédait pas 4 mois. Ces travaux ont été publiés cette semaine dans le journal "The Lancet" (de Laval F, Matheus S, Maquart M, et.al. Prospective Zika virus disease cohort: systematic screening. Lancet 2016; 388: 868).

L’apparition de l’épidémie de Zika en Guyane a conduit l'Institut Pasteur de la Guyane et le Service de santé des armées à poursuivre leurs travaux collaboratifs sur ce virus à travers d’autres projets de recherches visant à améliorer nos connaissances sur la transmission vectorielle et sexuelle du virus Zika et son diagnostic biologique au profit en particulier des femmes enceintes.

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)31429-5/fulltext

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